En matière de Traitement Substitutif Hormonal, certaines idées reçues ont la vie dure, et sont même souvent colportées par des médecins, spécialistes ou non. En voici quelques-unes, et ce que nous en pensons, arguments à l'appui.
Oui, mais ce n'est pas tout !
Certaines hormones ont, entre autres, pour effet de développer la poitrine. C'est le cas notamment des estrogènes et de la progestérone. Mais croire que le rôle des hormones se résume à cela est une erreur qui peut s'avérer lourde de conséquences. Il existe beaucoup d'hormones différentes, qui interagissent entre elles, et qui ont une influence sur tout le corps ainsi que sur le psychisme. Les hormones régulent la glycémie, la croissance, la fixation du calcium et du fer, le rythme cardiaque, la tension artérielle, la température interne, le stockage des graisses, la rétention d'eau, de sodium, et bien d'autres choses encore. [002]
Par ailleurs, un traitement hormonal, quel qu'il soit et sous quelque forme qu'il se présente, aura toujours un effet systémique, c'est-à-dire sur votre corps tout entier, et non seulement sur un endroit précis de votre corps. C'est justement pour cela qu'il est p.ex. impossible de prendre des estrogènes "juste pour faire pousser les seins, mais sans mofidifer le reste" : en matière de traitement hormonal, c'est tout ou rien, vous ne pouvez pas obtenir l'un de ses effets sans obtenir (ou subir) les autres.
Suivre un traitement hormonal inadapté peut vous causer de gros problèmes de santé. Il convient donc de ne pas prendre un TSH à la légère, et il faut être suivi(e) par un professionnel.
Rien n'est moins sûr !
Certains lobbies colportent, notamment dans les magazines féminins, l'idée selon laquelle les traitements hormonaux pour femmes ménopausées seraient mauvais pour la santé. Selon eux, les traitements hormonaux augmenteraient :
Les risques cardio-vasculaires
Les risques de cancer (du sein en particulier)
Mais ces conclusions alarmistes sont très simplistes et souvent précipitées. En outre, adoptant une démarche peu scientifique, les personnes qui tirent ces conclusions ne prennent pas la peine de citer leurs sources.
Voici ce qu'indiquent nos sources en réponse à ces rumeurs :
Les spéculations d'ordre général sur les effets des hormones sont douteuses car chaque traitement et produit a ses bénéfices et ses risques spécifiques. Si les estrogènes oraux augmentent les risques cardio-vasculaires (thromboses veineuses et élévation du vLDL), l'estradiol non oral a des effets protecteurs contre ces mêmes risques (baisse de la tension, et élévation du HDL) [003]
Les risques de cancers induits par les traitements hormonaux varient eux aussi selon les produits utilisés. [003][029] Après vérification, il s'avère que dans ces études alarmistes, des produits bien connus pour leurs risques graves ont été utilisés (notamment de l'ethinylestradiol par voie orale, qui est un produit hautement nocif, à plus forte raison quand il est pris après la quarantaine). Si ces recherches étaient scientifiquement honnêtes, elles préciseraient ce fait et intégreraient en outre des études comparées à d'autres estrogènes, p.ex. de l'estradiol pris par voie transdermique, ce qui permettrait de se faire une idée exacte des faits constatés et d'apprécier les résultats à leur juste valeur. En l'absence d'une telle façon de faire, nous considérons ces rapports comme scientifiquement intenables et polémiques.
Des sources d'information réputées fiables (médecins, ouvrages scientifiques) fournissent des statistiques sur les différences de risques avec ou sans Traitement Substitutif Hormonal. Selon le Dr. Jeffrey S. Malka [007], le TSH a en moyenne les effets suivants sur les femmes ménopausées :
Réduction de 50 % des risques
de fractures dues à l'ostéoporose chez les femmes sous estrogènes
depuis plus de 10 ans.
Sans traitement hormonal, le risque de mourir des complication
d'une fracture du col du fémur est de 3 %. Sous traitement aux estrogènes,
il descend à 1.5 %. [007]
Des études font état
d'une diminution de 40-50 % des risques cardio-vasculaires chez les femmes ménopausées
sous estrogènes
Sans traitement hormonal, le risque de mourir d'une
attaque cardiaque est de 30 %. Sous traitement aux estrogènes, il descend
à 15 %. [007]
Les estrogènes
ont en revanche pour effet d'accroître les risques de cancer. Ceci est vrai
quels que soient les types de traitement.
Le risque de développer un
cancer de l'utérus est multiplié par 8 avec les estrogènes.
Mais cette élévation du risque est contre-balancée par la
prise simultanée de progestatifs, qui est fortement conseillée.
Le risque de mourir d'un cancer du sein est de 3 % chez une femme de 50 ans. La
prise d'estrogènes fait passer ce chiffre à 4 %. Cet accroissement
de 1 % de la mortalité est négligeable devant la baisse de 15 %
et 1.5 % des mortalités respectivement dues aux attaques cardiaques et
aux fractures. [007] Toutefois, il faut bien noter que tout ceci ne
concerne que les femmes cisgenre : n'ayant pas d'utérus, les transgenre
MtF ne sont pas concernées par ce problème.
En conclusion, comme tout traitement médical, un TSH induit des risques. Mais ces risques sont largement contrebalancés par ses effets bénéfiques sur la santé. Et nous n'abordons même pas ici le point des bénéfices, très nets, du TSH sur la qualité de vie et le psychisme. Ceci est vrai pour une femme ménopausée, et sans doute plus encore pour une transgenre MtF dont le bien-être dépend souvent d'un traitement hormonal.
Pour des informations plus complètes sur les points évoqués ci-dessus, consultez Medline. [005].
Faux !
Il est vrai qu'il n'existe, à notre connaissance, aucune étude des risques liés à l'arrêt d'un Traitement Substitutif Hormonal, mais ceci ne signifie nullement que ces risques sont inexistants. [005] Il existe par contre pas mal de gens qui ont gardé des séquelles sérieuses bien réelles à la suite d'un TSH interrompu.
En l'absence d'une telle étude, rien ne montre qu'arrêter un traitement comporte des risques, mais rien ne permet non plus de croire que c'est sans risque.
Chez les personnes MtF, la prise d'estrogènes et/ou d'anti-androgènes réduit considérablement la production de testostérone par les testicules, et certains médicaments peuvent même notoirement définitivement la réduire ou arrêter (c'est le cas notamment de l'acétate de cyproterone, ou Androcur®, qui entraîne une stérilité définitive au bout de plusieurs mois de traitement chez la plupart des sujets). Rien ne garantit avec certitude que cette production retrouvera son niveau d'origine après plusieurs mois ou années de prise d'estrogènes et/ou d'anti-androgènes, et que cette personne ne développera pas, de ce fait, une ostéoporose, voire des problèmes de santé plus graves. De plus, comme les hormones ont une influence sur toute notre santé (glycémie, tension artérielle, sommeil, thyroïde, etc...), rien ne permet d'affirmer que tous ces paramètres retrouveront leur équilibre initial après l'arrêt d'un traitement. [002]
Le cas des personnes FtM est encore plus critique : il est prouvé que la prise d'androgènes modifie définitivement un corps femelle au bout d'un temps de traitement très court (quelques semaines), et que ces modifications (p.ex. voix grave, pilosité) restent à vie.
Méfiez-vous par ailleurs des personnes qui affirment "j'ai pris des hormones, j'ai arrêté, et ma santé est parfaite comme auparavant" : premièrement, "prendre des hormones" ne veut rien dire de précis, et cette personne aura peut-être pris des doses très faibles et pendant un temps insuffisant à l'apparition de véritables modifications (notre corps réagit en général avec beaucoup de latence aux traitements hormonaux, plusieurs mois de délai ne sont pas exceptionnels). Deuxièmement, comment cette personne peut-elle être sûre de ce qu'elle avance ? A-t-elle fait analyser et documenter en détail sa santé avant et après son traitement, sur la base du même type d'examens ? Dans le cas contraire, ou si elle juge de sa santé uniquement 'au feeling' (ce qui n'est bien sûr pas interdit, mais c'est tout sauf précis), rien ne permet de dire qu'elle a raison. Troisièmement, n'oubliez pas le facteur temps : faute d'études, personne, même pas les médecins spécialistes, ne sait exactement quels seront les effets à long terme d'un traitement hormonal et de son arrêt éventuel. Il n'est absolument pas garanti qu'une personne n'ayant aucun problème de santé au jour d'aujourd'hui suite à l'arrêt de son traitement n'aura toujours pas de problèmes ou séquelles demain ou après-demain.
En outre, nous sommes tous/tes inégaux/ales face aux questions de santé, et si une personne que vous connaissez affirme avoir arrêté son traitement hormonal sans conséquences fâcheuses, rien ne prouve qu'il en sera de même pour vous.
Bref, il persiste énormément d'incertitudes dans tout cela, et dans le doute, nous recommandons le principe de précaution : ne commencez pas un traitement hormonal si vous n'êtes pas certain(e) à 100 % de ce que vous faites, et conscient(e) que ce traitement est en principe pour la vie. Si malgré tout, vous n'avez pas suivi cette recommandation et arrêté un traitement en cours de route, faites-vous régulièrement suivre par un médecin compétent en lui expliquant votre situation et en lui demandant d'établir un bilan de santé : au moins vous aurez une chance d'anticiper d'éventuels problèmes.
Faux !
Lorsque l'on commence à prendre des hormones, au bout de quelques semaines, c'est en principe pour la vie, car les risques que l'on court à arrêter le traitement sont totalement méconnus et plutôt élevés. Certains effets sont irréversibles après plusieurs mois, et dépendent autant des substances que des individus. Ce n'est pas parce que vous connaissez une personne qui a fait l'essai pendant plusieurs mois et a arrêté son traitement sans que cela ne lui pose de problèmes de santé (du moins en apparence) qu'il en sera nécessairement de même pour vous.
Référez-vous au paragraphe ci-dessus pour connaître notre avis sur l'arrêt des traitements hormonaux en cours de route.
Faux et dangereux !
Tout ce que vous gagnerez en augmentant abusivement les
doses, c'est un trajet accéléré vers les urgences ou la morgue.
A partir d'un certain seuil, prendre plus d'hormones ne sert plus à rien
sinon à charger le foie inutilement. Les hormones ne sont que des messagers
chimiques, pas des substances servant à construire des parties de votre
corps : doubler la prise d'hormones intensifie le message, mais ne rend pas les
changements de votre corps deux fois plus rapides, car le corps travaille à
son rythme et a besoin de temps pour se construire, s'adapter ou évoluer.
Prendre trop d'hormones risque même, en plus des gros problèmes de
santé que cela vous causera, de bâcler votre transformation.
En conclusion, ne dépassez jamais les doses prescrites par votre médecin,
et vérifiez bien sur la notice que ces doses ne constituent pas un danger
pour votre santé. De même, si le dosage precrit vous cause des malaises
ou des ennuis de santé persistants, parlez-en d'urgence à votre
médecin, car tous les dosages ne sont pas forcément adaptés
à toutes les personnes. Bref, restez à l'écoute de votre
corps et ne le malmenez pas.
Faux et souvent dangereux !
Contrairement à une idée tenace, les phyto-hormones ne sont pas plus saines que les hormones produites en laboratoire :
Une croyance populaire veut que tout ce qui est naturel est forcément sain. Mais le bon sens réduit vite cette belle hypothèse à néant : il existe des plantes toxiques ou mortelles comme il existe des substances saines synthétisées par l'industrie.
Ensuite, les phyto-hormones ne sont pas naturelles dans le sens où, issues des plantes, elles contiennent des centaines de molécules qui ont un intérêt chez le végétal mais sont inexistantes dans le corps humain. Les phyto-hormones ne sont pas des hormones naturelles humaines, leur formule chimique est différente. En revanche, la chimie industrielle sait synthétiser de façon contrôlée, à l'atome près, les hormones naturelles humaines.
Du fait de leur composition chimique 'exotique', les phyto-hormones sont inefficaces lorsqu'elles sont administrées en quantité raisonnable, car inadaptées à nos récepteurs naturels. A hautes doses, elles deviennent dangereuses en surchargeant le foie et les reins. Elles peuvent également perturber notre système hormonal en s'agglutinant sur les récepteurs, empêchant ainsi les hormones naturelles d'agir normalement. Ces effets secondaires sont variables et incontrôlables car la qualité des produits dérivés des plantes et leur composition ne peut pas être maîtrisée d'une façon aussi fiable qu'elle peut l'être chez des produits synthétisés en laboratoire (dont les normes sont extrêmement strictes).
Enfin, l'efficacité des phyto-hormones dans le cadre d'un Traitement Substitutif Hormonal (qu'il soit cisgenre ou transgenre) n'est prouvée par aucune étude sérieuse, et les quelques études scientifiques existant sur ces produits ne permettent pas de tirer des conclusions positives quant à leur utilité.
Voici une référence sur le sujet :
Faux !
Toutes les MtF le savent d'expérience, et n'importe quel dermatologue vous le confirmera : le seul moyen de faire disparaître votre barbe est l'épilation. Consultez notre page sur l'épilation au laser.
Faux !
La mue de la voix est due à une croissance des muscles striés des cordes vocales par l'action directe de la testostérone (sans conversion en DHT) [002].
Ce phénomène est malheureusement irréversible chez les MtF (à moins d'avoir recours à une opération chirurgicale risquée et à l'issue incertaine). Chez la femelle (transgenre FtM), en revanche, la prise de testostérone fait muer la voix, vers le registre grave (également irréversiblement).
Faux !
Les effets dépressifs de l'Androcur® sont bien connus et mentionnés p.ex. dans le Vidal dans et la banque de données automatisée sur les médicaments (BIAM) [003]. La dépression n'est d'ailleurs pas le seul effet secondaire de ce produit sur le psychisme. Comme beaucoup d'autres anti-androgènes, l'Androcur® peut aussi rendre plus irritable, niveler ou transformer le caractère (ce qui provient notamment de son effet castrateur), et il réduit votre libido à néant.
Evitez à tout prix cette substance si vous êtes déjà sujette à des dépressions.
Soit dit en passant que la carence en androgènes est une cause assez fréquente de dépressions [note de Cornelia : en effet, j'en ai une lourde expérience personnelle !], et à ce titre, tous les anti-androgènes ont des effets dépressifs. Bien sûr, plus le produit est puissant (et c'est le cas de l'Androcur®), plus ces effets sont marqués.
Faux !
L'Androcur®, vu qu'il arrête pratiquement net toute production de testostérone par le corps, freine effectivement la pousse des poils du corps chez beaucoup de personnes. Mais l'Androcur® n'est pas un produit qu'on peut prendre pendant des années, et encore moins à vie, car il est hautement nocif pour la santé. Ce qui fait que vous serez assez rapidement obligée d'arrêter sa prise, et vos poils repousseront alors de plus belle. Il est d'ailleurs à noter que toutes les substances anti-androgéniques, et notamment la progestérone naturelle et la finasteride, ont ce même effet, à la différence près que vous pourrez prendre la plupart de ces substances-là à long terme, voire à vie, sans détruire irrémédiablement votre santé. Nous savons à quel point la réduction de la pilosité corporelle est cruciale pour beaucoup de MtF, qui en souffrent, mais nous vous conseillons néanmoins d'investir dans une épilation professionnelle au laser plutôt que de compter sur des médicaments pour la combattre. Si un régime hormonal particulier, tout en n'étant pas malsain, vous permet de réduire cette pilosité, tant mieux. Mais considérez cela plutôt comme un possible effet secondaire agréable que comme un but à atteindre à coups de médicaments 'massue', comme l'est l'Androcur®.
Faux !
Parfois, l'Androcur®, pris seul (ce qui est déjà une erreur à éviter), peut provoquer une légère croissance de la poitrine. Cet effet est vraisemblablement lié à l'inhibition de la testostérone qui permet chez certains individus à la petite quantité d'estrogènes naturellement produite de s'exprimer. Mais il ne s'agit que d'un effet anecdotique, et l'Androcur® ne vous permettra certainement pas d'atteindre un décolleté 'de rêve'. L'effet principal de l'Androcur®, et sa raison d'être, est la castration chimique, point. Ses effets secondaires connus sont au nombre de plusieurs dizaines, dont certains très graves. Vu ce que nous pensons de la castration chimique et de son utilité pour les personnes MtF (en résumé : nous en pensons plutôt du mal, voir notre page sur les familles de produits utilisées en TSH), ce produit est tout sauf un produit miracle ou incontournable, même si beaucoup de médecins affirment le contraire. Les MtF ayant parfaitement bien transité d''homme' à 'femme' sans prendre un milligramme d'Androcur® sont légion.
Les estrogènes et la progestérone sont bien plus efficaces pour développer la poitrine, réduisent tout aussi bien vos androgènes naturels, et comportent moins de risques pour votre santé.
Faux !
Bien au contraire, il supprimera totalement votre libido, et il est d'ailleurs conçu pour cela et utilisé à l'origine comme castrateur chimique [003].
Toutes les transgenre que nous connaissons et qui ont utilisé ce produit pourront vous confirmer d'expérience cette affirmation.
Faux !
La banque de données automatisée sur les médicaments (BIAM [003]) indique bien que l'acétate de cyproterone a un effet progestatif léger.
Mais il convient de ne pas tirer de conclusions hâtives de cette classification de l'Androcur® dans la famille des progestatifs :
Les dictionnaires médicaux définissent en tant que 'progestatif' toute substance capable de préparer la paroi utérine à la gestation et de maintenir la gestation. L'Androcur® ne remplit pas ces fonctions et a même des effets très nocifs sur le foetus, mais il est dit progestatif par abus de langage, car il favorise la croissance de la paroi utérine chez la femelle, et empêche l'ovulation en inhibant les sécrétions de l'hypophyse et donc des ovaires. [003]] [013]]
Sur une personne mâle, l'effet progestatif de l'Androcur® se limite à réduire la production de testostérone (grâce à son effet inhibiteur sur l'hypophyse). Mais contrairement à la progestérone naturelle, l'Androcur® ne stimule pas la libido (au contraire, il la supprime), n'est pas antidépresseur (au contraire, il provoque des dépressions) et ne complète pas le développement de la poitrine. [002] [003]
Pour plus d'informations :
Sur la progestérone et les progestatifs, consultez cette page-ci sur Pharmacorama.
Faux !
Beaucoup de sites anglophones fustigent ce produit, et c'est, il est vrai, assez souvent pour vanter les qualités de ses équivalents américains (qui ne sont certes pas des médicaments miracles ou sans risques, mais qui comportent tout de même moins de risques graves que l'Androcur®). Mais cela n'enlève rien au fait que l'acétate de cyproterone (Androcur®) est une substance à hauts risques. [003]
Pour en savoir plus sur l'Androcur® et ses effets, cliquez ici.
Faux et dangereux !
Cette idéologie très répandue ne repose sur absolument aucun fait tangible, et se laisse dénoncer facilement par des faits avérés. En réalité, cette procédure consiste à castrer chimiquement autant les mâles MtF que les femelles FtM pour la seule raison qu'une grande partie du corps médical n'arrive manifestement pas à se mettre en tête qu'une personne transgenre ne sera jamais l'égale d'un personne cisgenre : une MtF restera biologiquement mâle à vie quoi qu'elle fasse, et un FtM restera biologiquement femelle à vie quoi qu'il fasse, c'est un fait. Vouloir à tout prix castrer une MtF (p.ex. par de l'Androcur®) ou un FtM (par des anti-estrogènes), et ainsi induire artificiellement une andropause ou une ménopause, est à notre avis une grave faute professionnelle, car cela met infailliblement à mal la santé de la personne transgenre, sans pour autant faciliter l'obtention de résultats visibles lors de son TSH (argument habituellement avancé par les médecins, p.ex. "prenez donc de l'Androcur, vos seins pousseront plus vite et vos poils arrêteront de pousser", ce qui est faux de A à Z).
En plus, il est avéré que les anti-androgènes et les anti-estrogènes sont médicalement quasi inutiles au TSH des personnes transgenre : l'estradiol et la progestérone sont très efficaces en tant qu'anti-androgènes, et la testotérone l'est autant en tant qu'anti-estrogène, le tout sans exposer la personne transgenre à des risques sanitaires inutiles. Nous ne serions pas surprises si les anti-androgènes et anti-estrogènes, en plus de favoriser l'exercice d'un certain pouvoir normateur abusif, étaient surtout prescrits suite à l'intense lobbying que l'industrie pharmaceutique effectue autour d'eux auprès du corps médical ....
A notre avis, cette procédure abusive qu'est la castration chimique est surtout pratiquée afin de faire 'rentrer dans le rang' au plus vite les personnes transgenre, car elles dérangent l'idéologie binaire officielle selon laquelle "il n'existe que des hommes et des femmes, et il faut absolument se ranger dans une des ces catégories-là". Non seulement, on peut, si on le désire, parfaitement se ranger dans ces catégories sans détruire sa santé, tout en étant transgenre, mais en plus rien, à part l'idéologie, n'interdit de se situer quelque part entre les pôles 'homme' et 'femme' si on le désire.
En outre, la destruction inévitable de toute libido qui accompagne infailliblement un tel traitement médicamenteux, est à notre avis responsable d'un très grand nombre de dépression graves et même de suicides parmi les personnes transgenre : la libido de l'être humain est bien plus qu'une pulsion sexuelle, elle est aussi à l'origine de notre joie de vivre, et la supprimer revient à nous ôter toute envie de vivre. Le corps médical aurait de très sérieux reproches à se faire à ce sujet.
En résumé : ne vous laissez pas castrer chimiquement, c'est inutile et dangereux. Vous n'en avancerez pas plus vite dans votre transition, vous courrez de graves risques pour votre santé, et vous risquerez en plus de détruire votre joie de vivre pour de bon. En renonçant à la castration chimique, vous arriverez au même but sans tous ces inconvénients, et sans y mettre plus de temps.
Faux !
La progestérone naturelle produit les effets suivants :
Effets progestatifs : préparation de la paroi utérine à la gestation, inhibition des productions hypophysaires (donc des sécrétions des ovaires chez les femelles et de celles des testicules chez les mâles). [002]
En association avec les estrogènes, développement naturel de la poitrine en favorisant l'apparition de culs de sacs sécrétoires qui donnent à celle-ci une forme moins tubulaire, et plus étalée en largeur. [002]
Redistribution des graisses dans le corps.
Anxiolytique et antidépresseur [008] [009] (confirmé par nos expériences personnelles).
Stimulant pour la libido, en lui donnant une tendance 'féminine' [006] (confirmé par nos expériences personnelles).
Quant aux progestines :
Elles sont classées parmi les progestatifs car elles favorisent la croissance de la paroi utérine, inhibent les productions hypophysaires et empêchent l'ovulation, comme la progestérone. Mais cette classification est un abus de langage car, par définition, un progestatif doit préparer la paroi utérine à la gestation et permettre celle-ci chez une femelle castrée. La plupart des progestines ne remplissent pas ces rôles et sont même souvent contre-indiquées chez la femme enceinte en raison de leurs effets virilisants (pour les nor-progestines) ou des risques de malformations qu'elles entraînent chez le foetus. [003] [004]
Elles ont souvent un effet dépressif, à l'opposé de la progestérone naturelle. [003]
Leurs effets sur la libido sont variables. L'Androcur®, par exemple, qui appartient à la famille des progestatifs légers, est un puissant castrateur chimique qui réduit la libido à néant (d'ailleurs chez les femelles autant que chez les mâles). [003]
Pour conclure, nous déconseillons très fortement les progestines et pensons que les laboratoires pharmaceutiques font leur promotion pour des raisons commerciales, car contrairement à la progestérone naturelle, qui existe dans la nature, elles sont brevetables, et peuvent donc rapporter des royalties aux marchands de pilules plus soucieux de leur résultat comptable que de la santé de leur clientèle.
Pour plus d'informations sur la progestérone et les progestatifs de synthèse, consultez cette page sur Pharmacorama.
Faux !
Encore une affirmation farfelue colportée par certains médecins qui manquent clairement de connaissances scientifiques.
Les androgènes peuvent être convertis en estrogène par une enzyme, la 5-alpha-reductase [002] [012]. Mais cette réaction est irréversible et la conversion ne fonctionne que dans ce sens. Aucune publication scientifique ne fait mention d'une hypothétique conversion d'estrogènes en androgènes. Il en est de même pour tous les cours de médecine que nous avons pu étudier ainsi que pour les cours d'endocrinologie suivants :
'Abrégés - Endocrinologie', 4 ème édition, J. Hazard, L. Perlemuter, ISBN 2-225-85638-9 [001]
'Endocrinologie et communications cellulaires', S. Idelman, J. Verdetti, ISBN 2-86833-476-0 [002]
Pour avoir une idée plus claire sur la synthèse des hormones stéroïdes, consultez la page correspondante sur ce site, ou bien cette ressource sur le Web.
Faux !
Les endocrinologues, tout comme les autres médecins, sont des êtres humains autant sujets à l'erreur que n'importe qui. Ecouter béatement son médecin et avaler sans réfléchir les pilules qu'il vous prescrit peut s'avérer aussi dangereux pour votre santé que de pratiquer l'automédication à l'aveuglette.
Par ailleurs, il faut savoir que l'endocrinologie est une branche assez complexe et récente de la médecine. De nombreuses thèses se contredisent sur des tas de sujets, et en particulier à propos de tout ce qui touche aux hormones stéroïdes. Une seule personne, même diplômée, ne peut pas prétendre tout savoir, et il vaut mieux vérifier par d'autres sources sérieuses ce qu'elle vous dit ou conseille.
Enfin, le traitement hormonal des transgenre MtF et FtM est une branche très marginale de l'endocrinologie. Ce chapitre est à peine survolé dans les cours de médecine, très rarement étudié scientifiquement (car on ne peut pas en tirer de gros profits industriels ...) et sur beaucoup de sujets, votre endocrinologue n'en sait probablement pas plus que vous, à moins qu'il ne se forme lui-même de sa propre initiative personnelle. En tout cas, ce ne sont pas ses études qui l'auront formé au traitement des personnes transgenre [note de Cornelia : une MtF de mes connaissances disait récemment que 'la plupart des endocrinologues feraient mieux de s'appeler 'spécialiste en diabète et thyroïde', car c'est souvent tout ce qu'ils connaissent' ....]. Un bon médecin aura l'honnêteté de reconnaître ses lacunes éventuelles et la curiosité d'apprendre en même temps que vous : il cherchera le dialogue avec vous au lieu de vous donner des ordres. Un mauvais médecin suivra à la lettre des protocoles 'clef en main' mais rigides, établis il y a des décennies par de prétendus gourous de l'endocrinologie transgenre. Solution commode pour le médecin, mais néfaste pour le/la patient/e.
Si votre médecin n'est pas ouvert au dialogue, ne vous explique rien, et ne justifie ses choix que par l'argument "c'est moi le spécialiste, faites ce que je vous dis", changez-en.
Faux !
Il ne faut rien du tout, sauf rester en bonne santé aussi bien physique que psychique. Les SoC prennent souvent la forme d'un jeu de domination/soumission où un(e) patient(e) considéré(e) comme malade obéit docilement à une équipe de techniciens qui prétendent détenir le savoir universel, mais ne font que suivre à la lettre un protocole établi il y a des années par des spécialistes autoproclamés de notre prétendu syndrome (le soi-disant 'syndrome de Benjamin', terme fourre-tout plus que fumeux). A rentrer dans ce jeu, vous risquez de prendre une voie qui ne sera pas bonne pour vous (car vous n'aurez simplement pas réfléchi par vous-même à ce qui est bon pour vous) et vous y risquerez également votre santé (en absorbant des substances puissantes et nocives comme de l'Androcur® ou de l'ethinylestradiol).
En outre, sur beaucoup de points, ces équipes 'officielles' n'en savent pas plus que vous (on se demande d'ailleurs bien qui s'arroge le droit de les déclarer 'officielles' : en l'absence de la moindre législation concernant les personnes transgenre, le terme 'officiel' n'a aucun sens, et en France c'est apparemment surtout la Sécurité Sociale qui s'arroge ce droit, organisme dont le but n'est sûrement pas la conservation de votre santé, mais plutôt la réduction des coûts pour l'Etat, ce qui sert plutôt rarement l'intérêt de votre santé). On n'enseigne pas les traitements hormonaux pour personnes transgenre dans les facultés de médecine, et qui plus est, la seule personne à réellement pouvoir écouter votre corps et sentir si un traitement vous fait du bien, c'est vous-même.
Faux !
Certaines consoeurs et certains médecins recommandent de prendre les estrogènes et les progestatifs de façon cyclique, sur 28 jours, pour imiter le cycle naturel de la femme. C'est un choix discutable, avec ces arguments pour ou contre, mais certainement pas une obligation.
Les arguments en faveur d'une prise d'hormone cyclique sont les suivants :
On est loin de connaître tous les mécanismes hormonaux, et dans le doute, le mieux que l'on puisse faire est de singer ce que fait la nature, qui a sûrement ses bonnes raisons (principe de précaution).
Le cycle permettrait à la poitrine de se développer de façon plus naturelle, sous l'influence des estrogènes et de la progestérone administrés cycliquement (ces deux hormones ont chacunes leurs effets spécifiques [002]). Cela revient à dire que "les femmes ont la poitrine qu'elles ont à cause de ce cycle". Rien n'est pourtant moins sûr, car il n'existe aucune possibilité d'en apporter une preuve.
Le cycle permettrait aux récepteurs hormonaux de faire une pause pour être plus efficace en se 'purgeant' des agonistes qui s'y fixent (hypothèse du repos).
Le cycle agit sur le plan psychologique chez les femmes biologiques (sauts d'humeur entre autre). Cela fait partie de la féminité (dogme de la féminisation totale). C'est une variante du vieux précepte misogyne "il faut souffrir pour être belle", un peu trop destructeur à notre goût, dès qu'il s'agit de la santé de personnes transgenre.
Mais on peut opposer ceci à chacun des arguments suivants :
Premièrement et avant tout : les transgenre MtF ne sont pas des femelles dans le sens biologique du terme (elles n'ont pas d'ovaires, d'utérus, de gènes femelles etc) et ne le seront jamais ! Toute analogie est de ce fait de toutes façons inadaptée.
Concernant le principe de précaution : c'est une belle théorie,
mais qui ne tient pas la route dans la pratique. Les transgenre MtF qui ne cyclent
pas se portent aussi bien et transitionnent aussi efficacement que celles qui
cyclent. De façon plus générale, les théories 'proches
de la nature' (p.ex. celles qui louent les vertus des phyto-hormones) sont souvent
sans fondement scientifique (basées sur de simples croyances) et sont en
général véhiculées par des personnes qui s'y accrochent
à défaut de maîtriser le sujet.
D'autre part, le rôle
premier, naturel, du cycle chez la femelle est la gestation, et sur ce plan-là,
les MtF sont de toutes façons hors jeu. [002]
Concernant l'hypothèse du repos des récepteurs : c'est une hypothèse non avérée aussi bien dans la pratique que dans les livres. Aucune de nos sources y fait allusion.
Concernant le dogme selon lequel les effets psychologiques du cycle sont indispensables pour 'devenir une femme', il est aussi dangereux que les utopies selon lesquelles il faut se faire opérer pour gagner le droit d'être une femme. Le but à atteindre n'est pas de 'devenir' une femme à tout prix (qu'on ne sera d'ailleurs jamais, p.ex. ni sur le plan génétique ni sur celui du squelette), mais d'être bien dans sa peau. Dans notre cas, les sautes d'humeur et dépressions répétées causées par le cyclage sont plus déstabilisantes qu'autre chose.
Enfin, il est important de se rappeler qu'une MtF non opérée a toujours des testicules, prêtes à produire des androgènes dès que l'occasion s'en présente. Une fluctuation des niveaux d'estrogènes et de progestérone causée par un cycle artificiel peut fournir cette occasion et être contre-productive, voire empêcher votre corps de 's'acclimater' au traitement hormonal (ce qui prend déjà des mois même sans cycle artificiel). Pourquoi compliquer inutilement les choses, uniquement en vertu d'une belle théorie sans fondement avéré ? [028]
Faux !
C'est une question de bon sens : une transgenre MtF n'est pas une femme ménopausée.
Une femme ménopausée n'a pas de testicules pour produire des androgènes, ni de prostate susceptible de développer un cancer sous l'effet de ces androgènes. [002]
Une femme ménopausée a un utérus, qui peut développer un cancer sous l'influence de certains produits (estrogènes entre autres). Une transgenre MtF, même opérée, n'a pas d'utérus. [003]
Une femme ménopausée a terminé le développement de sa poitrine et de ses caractéristiques sexuelles secondaires des décennies auparavant. Pour une transgenre MtF, tout est à faire.
Pour ces raisons-là, les substances indiquées et contre-indiquées, ainsi que les dosages préconisés ne sont pas les mêmes chez une femme ménopausée et chez une transgenre MtF, même si les produits utilisés sont souvent les mêmes, faute de mieux [note de Cornelia : il serait d'ailleurs plus que souhaitable que l'industrie pharmaceutique se mette à tenir compte des transgenre dans les notices de ses produits, même si ça lui coûtera quelques études poussées en laboratoire; car nous représentons tout de même un marché pas si négligeable que ça, ne serait-ce que par le fait que nous restons forcément 'client(e)s' à vie]. Si votre médecin n'est pas capable de comprendre ceci, changez-en, car il est incompétent.
Faux et dangereux !
Cette pratique périlleuse est malheureusement très courante, mais constitue à notre avis une grave erreur : ces médicaments contiennent presque tous des substances hautement nocives à la santé (d'habitude de l'ethinylestradiol et une progestine synthétique, voire de l'acétate de cyprotérone), et ils sont donc à éviter. Il est déjà suffisamment lamentable que l'industrie pharmaceutique (sous prétexte de 'risques sanitaires réduits par rapport aux pilules contraceptives de première génération', ce qui est un comble) se soit manifestement mise d'accord pour administrer ces substances nocives aux femmes cisgenre en âge de procréer (ce qui explique d'ailleurs en grande partie les résultats et le ton alarmiste des études faites sur les risques liés à la contraception médicamenteuse), mais pourquoi les transgenre MtF devraient-elles suivre ce même chemin malsain, alors que la contraception ne présente strictement aucun intérêt pour elles ? Des produits alternatifs non conçus pour la contraception (estradiol par voie transdermique et progestérone naturelle, notamment) auront autant, voire plus, d'effets féminisants sur une transgenre MtF que ces produits à risques conçus pour la contraception et inadaptés au cas des MtF. En outre, n'oubliez pas que les MtF n'ont justement pas un corps femelle et que les risques liés à leur traitement par ces substances nocives sont pour cette raison probablement même supérieurs à ceux courus par les femmes cisgenre. Risques totalement injustifiables dans leur cas.
Faux !
Certaines équipes de 'médecins spécialisés' (très souvent regroupés au sein d'équipes soi-disant 'officielles', mais rarement plus compétents pour autant) aiment appliquer à la lettre des recettes de cuisine toutes faites établies par d'éminents 'spécialistes' autoproclamés. Cela leur économise l'effort de mettre leurs connaissances à jour, et leur permet surtout de fuir leur responsabilité en cas de faute professionnelle.
Mais si la médecine se résumait à une liste de recettes de cuisine, n'importe qui pourrait prétendre au titre de 'docteur' et soigner très simplement toutes les maladies du monde.
Dans la réalité, même s'il existe des mécanismes bien identifiés propres à l'espèce humaine, nous réagissons tous/tes différemment aux traitements médicaux. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine des hormones. De ce fait, un traitement hormonal bien géré doit être une solution 'sur mesure' pour votre cas particulier, et non pas une récette 'standard' à l'emporte-pièce. Dites-vous bien que le TSH idéal et universel pour tous/tes les transsexué(e)s n'existe pas et n'existera jamais. Si votre médecin s'obstine à vous administrer un traitement 'préfabriqué', renvoyez-le et trouvez-en un autre plus compétent.
Faux !
C'est uniquement vrai si vous prenez des estrogènes sous forme orale ou certains produits dangereux connus pour leurs risques de thrombose (de l'Androcur® par exemple). La progestérone naturelle (par voie orale ou transdermique) et l'estradiol par voie transdermique ou intramusculaire n'entraînent aucun risque de thrombose. [003] Malheureusement, beaucoup de chirurgiens ignorent cela et forcent les transsexuées à arrêter toute prise d'hormones environ un mois avant l'intervention. Ceci, en plus d'être inutile, entraîne souvent des problèmes durables, comme p.ex. une régression de la féminisation atteinte, régression qui ne sera dans beaucoup de cas jamais rattrappée par la suite.
© Support Transgenre Strasbourg, le 2 décembre 2007