Ma GRS - Récit de ma vaginoplastie

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Jeudi 04/12/2003 (J+10)

Je joue l'assistante de Frau Dr. Spehr. Mes exploits ne sont malheureusement pas immortalisés par une photo.

6h30

Je suis encore assez fatiguée mais je suis contrainte de me lever, comme chaque jour, pour que mon lit soit changé.

Ma voisine Lara n'a pas cessé de gémir toute la nuit et je suis tentée de la trouver douillette. Mais je n'ai pas le droit de la juger. Dans d'autres circonstances (à l'armée par exemple), j'étais pire qu'elle. Je comprendrai plus tard que ses souffrances étaient réelles et qu'à sa place, j'aurais fait plus que gémir.

7h20

Ma température dans l'oreille est de 36.2°C, et ma tension est de 120/70.

7h30

Je prends mon petit déjeuner

8 h

Je descends jusqu'au hall d'accueil pour me dégourdir les jambes, puis de retour dans ma chambre, je retire, nettoie mon stent, nettoie mon vagin dans la douche, nettoie les petits saignements aux lèvres à l'aide de l'antiseptique, puis remets mon stent.

Entre-temps, je suis allée au toilettes et j'ai même réussi, bien que l'entraînement de ma vessie n'ait pas encore commencé, à uriner de manière relativement bien contrôlée. La 'commande' est sensiblement la même que lorsque j'avais un pénis. J'espère que cette initiative ne sera pas mal perçue par Frau Dr. Spehr, et que je pourrai quitter la clinique au plus tôt.

9 h

Je lis un peu puis je me promène dans les couloirs et les escaliers. Je fais un petit tour à la réception pour demander un papier (Bestätigung) qui atteste que je suis à la clinique. Je faxerai ce document afin d'obtenir un arrêt maladie (à partir de lundi, je suis ne serai plus en congés).

11h45

Mon repas arrive. Je suis chaque jour plus affamée. Mon métabolisme est reparti, c'est sûr. La progestérone y est sans doute pour quelque chose.

12h45

On m'apporte une part de gâteau et mon chocolat chaud. Je commence à tourner en rond. Je n'ai qu'une envie : sortir d'ici et faire la fête. Patience ...

13h25

On me prend ma tension, mon pouls et ma température. Je ne demande même plus les valeurs. L'infirmière commente : "Alles wunderbar" (tout est parfait).

Pendant ce temps, ma voisine Lara agonise. Elle a de la fièvre, son urine est rouge sang, et elle ne veut rien manger. J'ai beaucoup de peine pour elle.

Je reçois une petite visite d'une amie (Yasmin) qui me fait très plaisir.

16h15

Alors que Yasmin est encore ici, on me demande de descendre en salle de soin au plus vite (ordre de Frau Dr. Spehr) pour le retrait de mes agrafes. J'attends trois quarts d'heure dans le couloir, en compagnie de Natascha, ma consœur suisse qui doit aussi se faire examiner.

Entre temps, Lara, ma voisine de chambre nous rejoint pour compléter notre joyeuse bande de trans'. Contrairement à nous qui sommes venues à pieds par les escaliers, elle arrive par l'ascenseur, clouée dans son lit, ses bouteilles de sang reliées au drains posées sur les draps. Elle vient, elle, pour son premier changement de bandages. Je la rassure un peu sur ce qui l'attend.

Natascha passe en premier. Elle a quelques inquiétudes sur la bonne tenue de son stent mais tout est finalement normal. Elle urine maintenant tout à fait normalement (moins de 25 ml de résidu dans la vessie après avoir uriné) et quittera bientôt la clinique.

C'est ensuite mon tour. J'appréhende un peu mais, l'enlèvement des agrafes ne sera pas une épreuve si terrible que cela. Et l'humeur de Frau Dr. Spehr me semble relativement bonne.

Je suis invitée à me déshabiller et à retirer mon stent, que je remets à Frau Dr. Spehr pour qu'elle le nettoie. Je m'installe ensuite dans la chaise gynécologique pour un examen. Frau Dr. Spehr est très satisfaite de la cicatrisation et du rendu esthétique de son 'œuvre'. Il n'y a aucune complication, tout va bien.

Cette fois-ci, je suis autorisée à observer toute la procédure à l'aide d'un miroir. Frau Dr. Spehr procède pour commencer à un nettoyage superficiel de tout mon entrejambes à l'aide de la solution antiseptique. Elle retire ensuite mes agrafes, une par une à l'aide d'une pince. La procédure dure un petit quart d'heure. Chaque retrait d'agrafe est un peu douloureux, mais pas au point de me faire hurler ou bondir. Le niveau de douleur est comparable à celui d'une séance d'épilation au laser. Le plus angoissant n'est pas la douleur en soi mais la crainte que la pince ne coupe ma peau. J'évacue très vite cette peur car elle est irrationnelle (Frau Dr. Spehr maîtrise très bien son affaire, ses gestes sont extrêmement précis).

Le liquide antiseptique est alors appliqué vigoureusement à l'endroit où se trouvaient les agrafes. Frau Dr. Spehr me recommande d'appliquer chaque jour de la pommade 'Madécassol' sur cette zone en massant très fort.

Vient ensuite le nettoyage, à la pince à épiler, de mon clitoris, pour y enlever une petite croûte qui s'y est logée. Je suis particulièrement chatouilleuse à cet endroit mais je ne souffre pas.

La dernière étape consiste à nettoyer mon urètre qui saigne un peu. Il s'agit en fait de 'vieux' sang qui y a stagné et que Frau Dr. Spehr évacue en injectant de l'eau et de l'antiseptique dans mon urètre, tout en faisant pression depuis l'intérieur de mon vagin pour l'expulser. Elle éponge le tout avec une compresse. La procédure est sans douleur et dure 5 à 10 minutes.

Enfin, je suis invitée à graisser puis réintroduire mon stent, dont Frau Dr. Spehr contrôle la mise en place, après quoi je me rhabille.

En réponse à ma question, Frau Dr. Spehr m'apprend que mon entraînement de vessie commence demain. Si le résultat est satisfaisant, je rentrerai chez moi lundi. Les complications liées à mon foie ne changeront pas le prix de mon séjour (Frau Dr. Spehr a tout arrangé avec la clinique). Je règlerai donc comme prévu la clinique, plus 6500.- euros à Frau Dr. Spehr (dont 500.- euros pour le stent).

Frau Dr. Spehr me demande alors si je ne peux pas rester pour m'occuper de ma voisine de chambre. J'accepte sans hésitation. Ce que j'ignore, c'est qu'elle a en fait besoin d'une assistante pour les soins, rôle que je vais bientôt assurer avec autant d'application que de plaisir.

J'aide ma voisine à se lever du lit, puis à s'installer dans la chaise gynécologique. Je tiens les drains et assure qu'elle ne tombe pas. Frau Dr. Spehr lui retire ses pansements, que je jette à la poubelle, puis examine et nettoie la zone concernée. Elle retire les drains, que je jette aussitôt avec leurs deux bouteilles remplies de sang. Elle retire ensuite le cathéter Foley qui n'a pas besoin d'être remplacé. Je tiens les ciseaux par la pointe et les remets au Dr. Spehr à chaque fois qu'elle me les demande. Je me charge également d'ouvrir les emballages stériles des pansements et compresses dont Frau Dr. Spehr a besoin, et je l'aide à couper les nouveaux bandages. Enfin, je rassure Lara, et m'assure qu'elle ne lève pas sa tête pendant la mise en place des nouveaux bandages. Je ne peux m'empêcher de constater qu'elle est très mignonne et de lui en faire la remarque.

La procédure terminée, Lara retourne dans son lit, et nous la ramenons, Frau Dr. Spehr et moi, dans la chambre. J'ai droit aux compliments de la chirurgienne pour ma prestation d'assistante. Cela me touche beaucoup, bien évidemment. Je pense une fois de plus que Frau Dr. Spehr m'a bien cernée, et qu'elle a compris que, d'une part, la vue du sang ne m'effraie pas (le retrait des drains et le premier nettoyage du vagin sont des épisodes assez sanglants), et que d'autre part, j'ai une affinité certaine pour ce qui est médical.

19h15

Je suis enfin de retour dans ma chambre où mon dîner bien mérité m'attend. Une assiette de charcuterie bien fournie, qui tombe à pic. Je passe et reçois quelques appels téléphoniques et avale mes cachets (sauf le calmant, bien sûr).

21 h

C'est l'heure de ma piqûre anti-thrombose.

Je regarde une sottise à la télévision avec ma voisine Lara. C'est un beau moment : on rit ensemble, et une complicité s'installe lorsque j'appelle l'infirmière par erreur pour elle (son bouton d'appel fonctionne mal) alors qu'elle souhaitait simplement me donner la télécommande de la télévision.

Je dors très profondément malgré un réveil en sueur à 4 h du matin. J'arrive maintenant à dormir sur le côté, ce qui constitue un net progrès.