GRS - Pourquoi

Dernière mise à jour faite le 23 janvier 2004


Pourquoi me suis-je fait opérer ?

Etant passée par la case 'chirurgie génitale', je vais tenter de verbaliser mes motivations.

 

Parce que mon pénis me gênait lors de relations sexuelles ?

Non. Que se soit lors de relations sexuelles avec des hommes, des femmes, des personnes transgenre, ou bien avec moi-même, la présence de mon pénis ne m'a jamais dérangée. Tout au plus, il ne me procurait plus de plaisir (pendant les mois qui ont précédé mon opération). Sur le plan des rapports sexuels, je pense que ne pas avoir de vagin m'a en fait plus dérangée qu'avoir un pénis.

 

Pour avoir une sexualité plus épanouie ?

Entre autres, oui. Mais ma sexualité n'a jamais été ma motivation principale pour cette opération. Comme beaucoup de personnes transgenre que je connais, mon pénis me gênait plus, en soi, dans ma vie de tous les jours que lors des rapports sexuels.

Au final, je trouve ma sexualité plus épanouissante après ma chirurgie génitale. Mais c'est juste la 'cerise sur le gâteau'.

 

Pour me sentir plus en harmonie avec mon corps ?

Oui. C'est essentiellement cela. Pour parler de mon expérience : mon pénis m'ennuyait plus par sa simple présence, parce que je le sentais étranger à mon corps, nue ou sous des vêtements (la fameuse bosse) que lors de rapports sexuels.

Le sentiment que mon pénis ne faisait plus partie de moi provenait très certainement du fait que j'avais intégré, au fond de moi, le fameux cliché qui veut qu'une femme n'a pas de pénis mais un vagin. Et bien que je condamnais (et condamne toujours) ce cliché, son empreinte reste (et restera très certainement toujours) gravée au fond de moi, si bien que la seule issue pour me sentir bien dans ma peau de femme était de faire transformer mon pénis en vagin.

 

Le besoin de se faire opérer est-il nécessairement lié à la sexualité ?

Je pense que l'on ne peut pas généraliser : Certaines personnes transgenre peuvent se passer de chirurgie génitale à condition de ne pas faire usage de leur pénis, d'autres peuvent se passer de chirurgie génitale sans que leur pénis ne représente une gêne, ni sexuellement ni dans leur vie de tous les jours, et enfin, d'autres optent pour la chirurgie génitale pour des raisons complètement extérieures à leur sexualité.

La réponse dépend des individus.

 

En quoi mon pénis me dérangeait-il dans ma vie de tous les jours ?

Pour ma part, je suis omnisexuelle (mon orientation sexuelle n'est pas guidée par le sexe biologique de mes partenaires, et je suis ouverte aux mâles, femelles, transgenre ou autres pour peu que la personne m'intéresse et que le consentement mutuel est assuré), et avant mon opération (hormis les toutes dernières semaines qui précédaient le 'jour J'), j'étais tout à fait capable de prendre du plaisir sexuellement avec mon pénis. Je n'avais par ailleurs pas honte de mon pénis, et cela ne m'a jamais gênée que quelqu'un constate mon anatomie génitale mâle (à la piscine ou au sauna par exemple).

En cela, mon pénis me dérangeait plus, en soi, dans ma vie quotidienne que dans ma vie sexuelle ou mes relations à autrui.

J'ai décidé de me faire opérer parce que je sentais simplement que mon pénis ne faisait plus partie de moi, qu'il me dérangeait pour m'habiller, et accessoirement parce que j'avais acquis la certitude que ma sexualité serait plus épanouie et plus riche avec une vulve (ce qui s'est confirmé).

 

Lorsque le pénis représente une gêne lors de rapports sexuels, l'abstinence n'est-elle pas une solution moins lourde que la chirurgie génitale ?

Je doute que l'abstinence soit une solution. Que penser de la qualité de vie d'une personne transgenre qui s'interdirait tout orgasme ?

 

Quelle est l'influence de l'entourage (intime) sur la décision de se faire opérer ?

Je pense qu'il faut impérativement réduire cette influence à néant si le but est d'être bien dans sa peau.

La chirurgie génitale doit être une décision purement personnelle. C'est de votre propre corps qu'il s'agit, et personne d'autre que vous ne devrait influer sur votre décision.